« Dans l'eau du Gange, on plonge les cadavres avant de les brûler; dans l'eau du Gange, on jette, non brûlés, mais alourdis de deux dalles, les saints, les varioleux et les lépreux; dans l'eau du Gange, flottent toutes les immondices et les charognes d'une ville qui, pratiquement, est un lazaret, puisque les gens viennent y mourir.
Eh bien, dans ces eaux, on voit des centaines de personnes qui se lavent avec soin, en s'y plongeant benoîtement, en y restant immergées jusqu'à la taille, en s'y rinçant mille fois, en se lavant la bouche et les dents: le tout accompagné de gestes mécaniques et névrotiques, faits avec beaucoup de naturel, presque avec désinvolture, comme toujours dans les rites indiens. »
Pier Paolo Pasolini - "L'odeur de l'Inde" (1962) (trad. Denoël 1984)